Cycle Code inconnu

Commissariat Marguerite Pilven

Un cycle d’expositions solo de Mischa Kuball, Theodoros Stamatogiannis, Cyrille Weiner, Magali Daniaux et Cédric Pigot, Robin Meier, Nathalie Regard.

Code Inconnu prend la forme d’un cycle de six expositions solos, mensuelles, se déroulant dans l’espace du STUDIO à partir d’octobre 2014. Elle présente des œuvres in situ, dont la présentation s’adosse pleinement aux caractéristiques spatiales du lieu. “Elles forment un parcours, une progression qui, partant du corps, massif, expire au langage.” *

Chaque proposition est concise : un artiste et une œuvre dans un espace. Par sa sobriété, elle met à nu les structures invisibles qui sous-tendent l’expérience d’”être là.” D’un point de vue anthropologique, habiter, c’est d’abord, et très simplement “inscrire du temps dans de l’espace.” Ainsi, c’est d’abord structurellement que les expositions dialoguent avec le visiteur et se complètent entre elles. Elles développent une “poétique de l’espace” qui va de son approche la plus objectale et matérielle vers une appréciation de plus en plus immatérielle et intériorisée, de l’ordre de la durée.

L’exposition forme un tout avec l’espace qui l’accueille, une unité de l’expérience qui accroit la conscience d’un temps vécu quelque part.

MP

* Jean François Lyotard, Les Immatériaux, Centre Pompidou, communiqué de presse, déc.1984

playtime (domestic version) - Paris

Du 16 octobre 2014 au 20 décembre 2014
Vernissage le jeudi 23 octobre 2014
Une proposition de Marguerite Pilven

du 16 octobre au 20 décembre 2014
Nocturne des galeries jeudi 23 octobre 2014 jusqu’à 22h

Scénographe de l’image projetée, Mischa Kuball interroge les dispositifs de médiation de la réalité par les médias et ses implications sociales. L’installation playtime (domestic version) - Paris, lui a été inspirée par le film éponyme de Jacques Tati et les recherches optiques de Marcel Duchamp synthétisées dans Le Grand Verre.

La sophistication technique, qui prend en charge toutes les approches de la réalité médiatisée par les images, permet–elle une meilleure communication ? Autorise-t-elle une connaissance extensive du monde où constitue-t-elle un barrage pour la vision ? Le foyer de l’installation est un film tourné dans les rues de Paris et sur-médiatisé par un dispositif de projection complexe qui l’étire et le disperse dans le temps et l’espace. Mischa Kuball a souvent fait de cette « vision éclatée » le sujet de son oeuvre. Des « présents d’ailleurs » infiltrent quotidiennement notre vie à travers les écrans portables qui nous accompagnent. Ces fenêtres nous déplacent facilement de l’endroit où nous étions, ou du problème qui nous retenait ; nous voici soudain soustraits, distraits de nous même, l’ici et maintenant éclate.

En imaginant un dispositif proche de celui des lanternes magiques, Mischa Kuball « brise les divisions traditionnelles entre imagination, espace et temps causées par les développements technologiques et débattues en sciences.» 1 L’ensemble évoque tout autant les images fuyantes d’un paysage perçu d’un train en marche que les spectacles polychromes provoquées par les vitraux dans les architectures religieuses. Ce ballet mécanique est un condensé centrifuge d’expérimentation optique et d’émerveillement pop.

Le caractère inachevé et radical de l’installation playtime (domestic version) - Paris conserve un style interrogatif, proche d’une réflexion phénoménologique portée sur le terrain favori de l’empirisme; la perception. En bon scénographe, Mischa Kuball évite d’émettre trop d’hypothèses sur qui regarde ou sur ce qui est regardé et mise sur la capacité de chacun à organiser ce flux continu d’interactions. Du film Playtime, il retient une vision de l’architecture moderniste comme « liquidation de l’intérieur », mais également son ambivalence critique qui convertit les frustrations et les ratés de l’expérience en des catalyseurs de poésie.

M.P