Cycle Code inconnu

Commissariat Marguerite Pilven

Un cycle d’expositions solo de Mischa Kuball, Theodoros Stamatogiannis, Cyrille Weiner, Magali Daniaux et Cédric Pigot, Robin Meier, Nathalie Regard.

Code Inconnu prend la forme d’un cycle de six expositions solos, mensuelles, se déroulant dans l’espace du STUDIO à partir d’octobre 2014. Elle présente des œuvres in situ, dont la présentation s’adosse pleinement aux caractéristiques spatiales du lieu. “Elles forment un parcours, une progression qui, partant du corps, massif, expire au langage.” *

Chaque proposition est concise : un artiste et une œuvre dans un espace. Par sa sobriété, elle met à nu les structures invisibles qui sous-tendent l’expérience d’”être là.” D’un point de vue anthropologique, habiter, c’est d’abord, et très simplement “inscrire du temps dans de l’espace.” Ainsi, c’est d’abord structurellement que les expositions dialoguent avec le visiteur et se complètent entre elles. Elles développent une “poétique de l’espace” qui va de son approche la plus objectale et matérielle vers une appréciation de plus en plus immatérielle et intériorisée, de l’ordre de la durée.

L’exposition forme un tout avec l’espace qui l’accueille, une unité de l’expérience qui accroit la conscience d’un temps vécu quelque part.

MP

* Jean François Lyotard, Les Immatériaux, Centre Pompidou, communiqué de presse, déc.1984

DREAM SESSIONS PARIS

Du 10 juin 2015 au 11 juillet 2015
Vernissage le mercredi 10 juin 2015

L’explosion des nouveaux médias et de la neuroscience dans le champ social a favorisé ces dernières années l’essor de démarches artistiques interrogeant très directement en quoi notre perception est profondément influencée par des prédispositions inconscientes et comment l’étude de ses mécanismes permet de mieux penser notre relation au monde. En tant que peintre, Nathalie Regard a fait évoluer sa pratique du champ de la représentation vers une approche de plus en plus sédimentée de l’image transformée en code. Sa réflexion phénoménologique s’est toujours accompagnée d’un travail parallèle d’observation et de transcription de ses rêves. La présente exposition retrace un cheminement allant de ses premiers journaux de rêves, réalisés entre 1996 et 2008, à ses recherches neurophysiologiques initiées en 2011.

L’exercice quotidien de transcription des rêves a exercé Nathalie Regard à se les remémorer de manière toujours plus précise. La particularité du rêve est de créer une réalité à laquelle on assiste du dehors bien qu’elle émane de soi. Nathalie Regard infiltre cet écart par une exploration physiologique de l’activité du rêve. Une branche des sciences cognitives qualifiée en anglais de situated cognition ou embodied cognition défend l’idée que l’on ne peut comprendre le cerveau sans l’inscrire dans un corps, une situation donnée. « Le cerveau existe dans un corps, le corps existe dans le monde et l’organisme bouge, agit, se reproduit, rêve, imagine. Et c’est de cette activité permanente qu’émerge le sens de son monde et des choses » explique le neurobiologiste Francisco Varela.

Avec la collaboration des chercheurs Roberto Toro, neuroscientifique (Institut Pasteur) et Reyes Haro Valencia, neurologue (Clinique du Sommeil, UNAM, Mexique), Nathalie Regard a développé un protocole expérimental de surveillance du sommeil. Intégrer son corps dans ce contexte d’étude lui a permis de reconstruire le milieu  d’émergence du rêve, tissé sur les échanges permanents entre le dedans et le dehors, la perception interne et l’environnement. Pendant 80 nuits, ses rêves ont été enregistrés électriquement (méthode EEG) et stimulés de manière auditive, attestant, par moments, leur influence dans le récit de ses rêves. Ces correspondances entre l’activité cérébrale et l’expérience subjective du rêve ont été reportées sous la forme tangible de bas reliefs réalisés à partir de données encéphalographiques en 3D. On pourrait voir ces paysages abstraits comme des trophées balisant une quête impossible, les témoignages de connexions fragiles localisées entre l’état de sommeil et de veille, la possibilité tout juste entrevue d’interagir avec une mémoire corporelle ouvrant sur une conscience élargie de notre présence au monde.

MP